Expédition dans le désert de Gobi (Mongolie), juin-juillet 2016 – voyage ornithologique et mammalogique
Préambule
L’avant-veille de mon départ en Mongolie, je me goinfrais, avec mon amie Julie, naturaliste, de bricks au fromage de chèvre, frites de patates douces et autres douceurs, en refaisant le monde, quand soudain elle m’a dit, en faisant des yeux tout ronds.
Rappelons qu’il y a presque 10 ans (déjà !), nos copains Matthieu et Annaïg ralliaient la Mongolie en camion (voir leur blog). Une entreprise fort audacieuse, quand on sait ce qu’est la Mongolie !
Rappelons aussi le premier épique voyage en Mongolie, en 1998, de Philippe, rapporté dans les Tribulations d’un chercheur d’oiseaux.
Ce n’était pas la première fois que j’entendais cela… alors, je me suis dit : d’accord. Cette fois-ci, je vais écrire le récit de cette expédition.
D’abord destiné à mes proches, nous avons finalement décidé, au vue des aventures vécues et des infos naturalistes + sur la biodiversité domestique mongole à faire partager, de le publier sur ce blog, comme une parenthèse plus personnelle à nos articles plus sérieux.
Buts scientifiques
Outre le plaisir de se rendre en Mongolie, d’observer sa faune, sa nature et ses paysages fantastiques, et de rencontrer l’extraordinaire peuple mongol, il y avait aussi plusieurs buts scientifiques à cette expédition :
Faire un petit point ornithologique sur les espèces présentes dans le Gobi A et B, très peu connues, comme par exemple la fauvette « babillarde » qui niche ici en plein désert dans des micro-oasis ou encore la bergeronnette printanière leucocephala dont on ne sait quasiment rien.
Suivre dans le Gobi A l’un des gardes s’occupant de la conservation de l’ours de Gobi dans ses relevés de pièges-photo, et vérification des placettes d’alimentation.
Pour moi, plus spécifiquement, approfondir la question d’une étrange marque naturelle à l’épaule présente uniquement chez les chevaux mongols/transbaïkal/yakoutes et Przewalski, en observant sa présence ou non dans les populations de chevaux domestiques de ces régions plus reculées. (Voir mon article sur le sujet publié en 2014 dans le n°94 de la Revue d’Ethnozootechnie).
Carnet de voyage d’Élise
La lecture de mon guide de vocabulaire continue de m’édifier :
« Dans certaines régions comme le Gobi, vous serez surpris, atterrés, de voir votre Antonov de troisième ou quatrième main se poser sur l’herbe rase d’une prairie aussi trouée qu’un gruyère ! (…) Les compagnies locales (…) utilisent des Antonov dont certaines antiquités extraordinaires… »
Ben ça tombe bien, on a justement un vol intérieur pour revenir de la région du Gobi !!! Je ne vais pas faire lire ce passage à Pierre…
Orage dans le ciel russe
Quelques heures plus tard… Un autre orage nous empêche d’atterrir à Moscou. Nous tournons dans le ciel.
Mon voisin, un jeune français expatrié en Russie, intrigué par ma lecture, m’interroge sur notre destination.
« Quelle expédition !, me dit-il, ça me fait rêver. »
Han, ben ça se voit qu’il n’est jamais venu en vacances avec nous ! Mes oreilles se sont bouchées, ce qui me rend la conversation cotonneuse…
-Heu, vous savez, on va quand même en chier… »
Je ne crois pas si bien dire… On est en train de rater notre correspondance pour Oulan Bator. Damien, mon voisin, nous donne son numéro de téléphone : au cas où l’on ait un problème à Moscou, qu’on l’appelle… « J’espère que vous allez avoir votre correspondance ! », nous souhaite-t-il.
Coincés chez les Slaves
Mais non, on la rate ! A quelques minutes près, les fonctionnaires russes, droits dans leurs bottes, nous refusent l’accès. Fragrances d’ex-Union soviétique…
Je pense à un autre voyage, il y a quelques années, pour se rendre dans le Caucase, en Géorgie… La moitié du groupe avait été retenu à Paris, et j’avais dû partir seule avec l’ami Dominique Michelat, en éclaireurs, en passant par Istanbul pour rejoindre Tbilissi, dans un avion russe terrifiant… Là encore, nous avions failli rater notre correspondance à Istanbul et ce jour-là, j’ai failli cracher mes poumons en courant après Domi qui cavalait à toute vitesse pour rejoindre l’avion, et qui m’a dit, frais comme un gardon, lorsque je l’ai rejoint, cramoisie et expectorante :
« M’enfin mais pourquoi t’as autant couru !? Tu sais bien que je t’aurais attendue ! »
Mais Moscou n’est pas Istanbul : on ne nous laisse pas passer !
Nous attendons 24 h enfermés dans l’aéroport, avec interdiction de sortir dans Moscou.
On nous fournit quand même une petite chambre, après 3 heures de tracasseries administratives, au bien-nommé Capsule mini hôtel.
Rencontres improbables au Capsule mini hôtel
Deux autres voyageurs partagent notre galère, qui tentent de rallier le Japon… Une jeune Roumaine qui enseigne l’anglais à Tokyo ! Et un artiste japonais.
On s’en va partager un maigre de repas (une salade… d’anguille !).
Le Japonais revient de France où il était invité en tant qu’artiste.